Kisangani
envoyé spécial La piste en latérite n'est qu'une mince ligne rouge, une veine sinueuse qui parcourt un paysage vallonné, vert foncé, recouvert d'une forêt dense, impénétrable vue d'en haut. Mais soudain, ce filet de latérite s'élargit et, à flanc de colline, apparaît comme une large blessure dans le couvert végétal, une pente aux contours imprécis. Lorsque l'avion s'en approche, descendant à 400 mètres d'altitude, on distingue non seulement des gens, sans doute des milliers, mais aussi les taches bleues et blanches du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Ici, à 80 kilomètres au sud-ouest de Bukavu, la plus grande ville du Kivu, les réfugiés rwandais se sont, apparemment en bon ordre, repliés. Fuyant la prise de Bukavu par des rebelles tutsis, ils se sont dirigés vers l'ouest tout en restant dans la montagne qui leur est familière et en emportant de quoi reconstruire leur «blindé»: ces huttes de branchages étanchéifiées grâce aux bâches du HCR qui les protègent, surtout en cette saison des pluies. Avion de reconnaissance. Le long de la piste, la R503 du temps où, au Zaïre, les routes étaient encore entretenues, plusieurs petits camps se succèdent à distance rapprochée. Combien de réfugiés hutus s'y trouvent-ils et dans quelles conditions? Hier, l'avion de reconnaissance affrété par le secretaire d'Etat français à l'Aide humanitaire, Xavier Emmanuelli, n'a pas permis de le déterminer. Mais, pour la première fois, une partie de l'immense masse de réfugiés au t