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Libération

De Saké à Goma, 20 km de réfugiés. 700 000 réfugiés sont partis de l'est du Zaïre et marchent vers le Rwanda.

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publié le 16 novembre 1996 à 1h27

Mugunga envoyé spécial

L'enfant trébuche, les jambes raides de fatigue, tente de s'accrocher aux basques d'un adulte. Une femme lâche la montagne de casseroles et de ballots qu'elle porte sur la tête pour lui caresser les cheveux. Isolés pour un instant de tendresse au milieu d'une foule qui marche, ébétée, vers Goma. Les rebelles qui tiennent la ville ont ouvert la voie et le plus grand camp du monde s'est mis en mouvement. De Saké à Goma, une colonne de 20 kilomètres d'hommes et de femmes, les traits tirés par la fatigue et la faim, de vieux pliés sur leur bâton et d'enfants, chargés de sacs et de bidons. Ils viennent des camps du lac Vert, de Katale, de Kibumba, de Kahindo. Tous, pour fuir les combats entre les rebelles du Kivu et les forces armées de l'ancien régime rwandais, s'étaient regroupés autour de Mugunga, à 15km de Goma et jusqu'à Saké, 10 km plus loin. Plus de 400000 personnes, selon le HCR, auquelles étaient venus s'ajouter, il y a quinze jours, les deux tiers de la population de Goma. En fin d'après-midi, Ray Wilkinson, le porte-parole du HCR, affirmait que le mouvement s'était propagé de Mugunga à toute la région, que les 700 000 réfugiés du Nord-Kivu étaient en train de marcher vers le Rwanda sans que la communauté internationale ait eu à intervenir. La veille, une dizaine de grandes barques avait traversé le lac Kivu et accosté à Goma, avec près d'un millier de passagers et leurs bagages. Des Zaïrois qui s'étaient échappés de Saké, la peur au ventre. Depui