Kisangani, envoyé spécial
Dans l'est du Zaïre, derrière un front qui menace de s'écrouler, l'humanitaire travaille à contre-courant. Hier, lors d'une visite éclair de quatre heures à Kisangani, à environ 700 kilomètres des combats qui se poursuivent dans le Kivu, le secrétaire d'Etat français à l'Action humanitaire d'urgence, Xavier Emmanuelli, a donné le top départ d'un premier convoi d'aide: cinq camions chargés d'une vingtaine de tonnes de riz, de farine de maïs, de biscuits protéinés, de couvertures, de carburant et de médicaments. Ces vivres et secours ont été envoyés pour «stabiliser la région» et, en particulier, pour «sécuriser l'axe routier menant de Goma à Kisangani, via Walekali et Lubutu». Dans ces villes que les militaires en déroute ont commencé à piller, les déplacés zaïrois affluent par milliers. Quant au demi-million de réfugiés rwandais ayant fui à l'ouest de Bukavu, plus de trois semaines après la prise de cette ville par les rebelles tutsis, l'humanitaire est toujours à la recherche des Hutus perdus. Hier, un violent orage et des pluies torrentielles n'ont pas permis à Xavier Emmanuelli de survoler la région. Jeudi dernier, un avion affrété par son ministère avait suivi la route, en fait un ravin boueux seulement 130 kilomètres étant goudronnés jusqu'à Walikali, à 270 kilomètres de Goma. L'exode des déplacés zaïrois n'était alors pas spectaculaire, même si des petits groupes en marche et des véhicules tombés en panne indiquaient qu'il avait débuté. Pa