En Afrique aussi, l'Amérique impose désormais sa politique. Même en
Afrique, où elle a été longtemps hégémonique, la France seule n'a plus les moyens de ses intérêts. Cette relève de leadership explique depuis trois semaines la valse-hésitation de la communauté internationale dans la région des Grands Lacs.
Force d'inertie. Ex-métropole coloniale longtemps interventionniste, la France, discréditée par son soutien à l'ancien régime rwandais responsable du génocide, s'abrite derrière la bannière de l'ONU. Objectif: porter secours aux centaines de milliers de réfugiés hutus dans l'est du Zaïre mais, aussi, «sécuriser» une fois de plus le pays-continent du maréchal-président Mobutu. Allié du Rwanda sous domination tutsie et, de l'Erythrée en passant par l'Ouganda et l'Ethiopie jusqu'en Afrique du Sud, d'un chapelet de régimes nés dans le maquis, Washington y oppose sa force d'inertie. Le calcul: sur un continent que ne contrôlent plus ses anciennes puissances de tutelle, à la fois no man's land stratégique et épicentre de menaces chaotiques, seules de nouvelles élites «rebelles» peuvent bâtir un ordre postcolonial d'une certaine stabilité.
De là, tout découle. La France, désormais gendarme impuissant de l'Afrique, y compris à Bangui, secoué par la troisième mutinerie militaire en huit mois, se tourne vers les Nations unies. Pour mobiliser des Casques bleus, Paris dilue dans le multilatéral ce qui lui reste d'influence sur le continent le plus proche de l'Europe. Tout gaulliste qu'