Athènes, correspondance
Incité par son propre parti à «durcir sa politique face à la Turquie, éternelle ennemie de la Grèce», Costas Simitis semble ne plus savoir vraiment dans quelle direction agir. Son élection à la tête du gouvernement socialiste grec, en septembre, avait redonné l'espoir de voir Athènes se débarrasser de ses obsessions nationalistes. Lui-même européen convaincu et maître de l'apaisement en politique étrangère, le Premier ministre avait réussi, au début de l'année, à éviter le déclenchement d'une guerre contre la Turquie, lors d'un grave incident militaire à Imia, un îlot du Dodécanèse revendiqué par Athènes et par Ankara. Son argument numéro un était que «la menace des canons doit faire place à la diplomatie».
Mais, sous la pression d'un nationalisme toujours plus fort dans l'opinion publique, le Premier ministre vient d'annoncer un important programme d'armement afin de renforcer «la force de dissuasion» face à la Turquie. Ainsi, Athènes compte consacrer 7% de son PIB aux dépenses militaires, soit trois fois plus que la plupart des pays membres de l'Union européenne, afin de rattraper le retard sur une Turquie elle-même surarmée. Dans les dix ans à venir, la Grèce va notamment se doter des systèmes Awacs et de missiles Patriot, de nouveaux F16 et de Mirage 2000, pour 16,6 milliards de dollars obtenus à partir d'emprunts sur les places financières étrangères et de nouveaux impôts. Seules quelques voix isolées se sont élevées dans la presse pour mettre en g