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Libération

Marseille se prépare au voteMobilisation des 57 000 Algériens inscrits.

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publié le 23 novembre 1996 à 1h04

Lotfi a 50 ans. Il n'a jamais voulu devenir français. Cela ferait

presque trente ans qu'il habite Marseille avec Rachida, son épouse et leurs quatre enfants. Eux ont une carte d'identité française. Marseillais et fiers de l'être. L'Algérie, l'islam, la quasi-guerre civile qui déchire le pays de leurs parents, ils avouent n'y jeter qu'un regard presque lointain. «De toutes façons, dit Rabhia, 19 ans, je n'irai jamais y habiter. Je ne m'y sens pas chez moi. Surtout depuis que le GIA interdit aux femmes de vivre et de s'habiller à l'occidentale...» Lotfi n'a manifestement pas la même analyse. Le jour où, pour lui, sonnera l'heure de la retraite, il reprendra le bateau, direction Oran. «L'Algérie, c'est mon pays. C'est là-bas que je veux mourir», assure-t-il en dépit des mises en garde de ses enfants. C'est aussi pour ça qu'il ira voter aujourd'hui. Le référendum constitutionnel algérien, ça le concerne. «L'an dernier, dit-il, beaucoup croyaient que les appels au boycott de l'élection présidentielle allaient être écoutés. Et puis ici, en France, on est tous allés voter. Là-bas, au pays, ils ont su et ils nous ont suivis.» Hier, au consulat d'Algérie à Marseille, où plus de 57 000 personnes sont inscrites sur les listes électorales, on se préparait au vote. Avec d'autant plus de sérieux qu'on ne veut plus connaître la pagaille de 1995, les files d'attente interminables de la rue Paradis, les barrières renversées" «L'an dernier, on ne s'y attendait pas, concède le vice-consul, M