En novembre 1995, pour l'élection présidentielle algérienne, on ne
les attendait pas en grand nombre, et à la surprise générale ils étaient venus en masse. Cette année, pour le référendum, on a tout prévu, dont l'étalement du scrutin sur six jours. Résultat: les Algériens de Paris ne se précipitent pas depuis samedi pour accomplir leur «devoir». Image saisissante et semblable des deux premiers jours du vote, aux portes des 12 centres, où se déroule la consultation: un dispositif policier impressionnant, des barrières métalliques en plusieurs enfilades sur une centaine de mètres pour rien, souvent empruntées par un seul électeur. Débouchant de la rue de la Convention à Paris, un ancien restaurateur à la retraite s'arrête à quelques mètres du Centre culturel algérien, rue de la Croix-Nivert, médusé de ne voir aucun compatriote au rendez-vous. Il hésite, puis lâche avant de rebrousser chemin: «Je me suis trompé, j'ai cru que c'était comme l'année dernière.»
Un médecin venu «plutôt en observateur qu'attiré par le scrutin» donne sa version du manque d'entrain des Algériens de Paris à voter: «Cette élection est la contradiction flagrante de l'idée répandue d'une immigration algérienne qui vote à chaque fois par acte identitaire. Les gens ne sont pas venus pour deux raisons: par incompréhension du contenu du référendum et marre de ne voir aucune amélioration depuis la dernière élection.» Dehors, trois ouvriers venus voter en famille reconnaissent qu'ils ne maîtrisent pas dans les d