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Libération

Turquie: Tansu Ciller dans de sales draps. Mise à jour d'une collusion pouvoir-mafia et démission du ministre de l'Intérieur.

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publié le 26 novembre 1996 à 0h57

Istanbul de notre correspondant

L'affaire commence avec un banal accident de voiture au début du mois à Istanbul, qui s'est transformé, depuis, en une véritable «crise de régime». Dans la Mercedes encastrée sous un camion, on retrouve un chef de la police, un dirigeant d'extrême droite «parrain» de la mafia des stupéfiants et un député kurde lié au pouvoir, révélant ainsi d'étranges collusions entre cercles politiques et mafieux. La voiture contenait également des armes et des silencieux. Le président de la République, Suleyman Demirel, a dû monter au créneau pour rassurer une opinion publique sous le choc, assurant qu'«il ne faut pas brûler toute la maison pour se débarrasser de trois ou quatre souris sous le toit». L'«affaire» a déjà coûté son poste au ministre de l'Intérieur, Mehmet Agar, membre du DYP, le Parti de la juste voie de la vice-Première ministre Tansu Ciller: accusé d'être le chef de «bandes» semi-officielles, il a dû démissionner. Mais, désormais, c'est Tansu Ciller elle-même qui se trouve sous le feu des critiques. Seul rescapé de l'accident, le député kurde Sedat Bucak, élu du DYP, qui est en même temps un grand seigneur féodal et le chef local des milices progouvernementales du district de Siverek (sud-est), aurait perdu la mémoire, selon les médecins. Cet unique témoin est protégé par son immunité parlementaire. Mais ses liens avec le parrain Abdullah Catli, qui a trouvé la mort dans la collision, mettent en lumière les très douteuses méthodes employées