Ni le brusque retour de centaines de milliers de Rwandais réfugiés
au Zaïre, ni les hésitations de la communauté internationale sur la forme, voire l'opportunité, d'une intervention dans la région des Grands Lacs, n'ont fait varier la position de la France d'un iota. L'envoi d'une force internationale reste nécessaire, répètent à l'unisson l'Elysée et le Quai d'Orsay. «Le problème a changé de nature, mais tous les réfugiés ne sont pas rentrés au Rwanda», dit-on au ministère des Affaires étrangères. L'enjeu officiel est donc humanitaire.
«Indécent». Jean-Christophe Rufin, spécialiste de l'Afrique n'a qu'un mot pour qualifier ce qu'il considère comme une «posture humanitaire». Deux ans d'échec politique dans la région n'ont pas servi de leçon, juge le directeur de recherche de l'Iris (Institut de recherche internationale et stratégique). «On a la preuve aujourd'hui que les réfugiés, libérés des hommes que la France avait armés, choisissent de rentrer au Rwanda, et personne ne se pose de questions.» Le souci humanitaire de Paris n'est, pour ce chercheur, qu'une façon de voiler son intention d'intervenir au Zaïre, pour des raisons liées à une conception de la politique africaine, «une politique de lobby, de réseaux, des réflexes du genre: on ne laisse pas tomber les copains», entendre le maréchal-président Mobutu.
Discréditée. Pour ce faire, la France, qui n'a pas les moyens de jouer les gendarmes dans cette partie du continent où elle s'est discréditée par son soutien à l'ancien r