Istanbul de notre correspondant.
Le gouvernement islamo-conservateur turc de Necmettin Erbakan a entamé un bras de fer avec la presse en soumettant hier au Parlement un projet de loi pour empêcher la publication «des fausses nouvelles» et «des informations qui nuisent au prestige politique et financier de l'Etat». Des amendes très lourdes sont prévues contre les contrevenants. Les organisations professionnelles de journalistes et celles de défense des droits de l'homme dénoncent une «loi de censure». Maître d'oeuvre du texte controversé, le ministre de la Justice, Sevket Kazan, islamiste, précise qu'il veut empêcher les médias d'«accuser sans preuve et sans document, en particulier les responsables politiques». «Des mensonges sont publiés en guise de nouvelles, nous allons résoudre le problème de la presse dans ce pays», a expliqué Kazan le week-end dernier, alors que Tansu Ciller, leader du DYP, le partenaire de coalition des islamistes, accusait les propriétaires des grands journaux d'«essayer d'exercer un pouvoir qui ne leur appartient pas». Les deux partis de la coalition au pouvoir ne se sont pas encore entendus sur un texte commun à défendre contre l'ensemble des partis de l'opposition. Depuis leur arrivée au pouvoir, en juillet, les islamistes ont été de plus en plus durement critiqués par une presse qui dénonce la corruption du gouvernement et les troubles liens entre l'Etat et les mafias apparus en pleine lumière après un accident de la route, le 3 novembre. Dans l