Alger envoyé spécial
L'école de la Concorde s'est mise sur son 31, chamarrée de drapeaux, égayée d'affiches électorales. Mais l'ambiance n'est pas à la fête. Les assesseurs s'agitent autour des isoloirs, ajustent les piles de bulletins: bleus pour le «non», blancs pour le «oui». Les autorités locales font tout pour éviter la moindre fausse note, donnant un air guindé à toute chose. Atmosphère solennelle, sous l'oeil des émissaires de la Willaya d'Alger et du ministère de l'Intérieur. Les fonctionnaires s'appliquent à faire passer le message: «Le référendum constitutionnel est une affaire sérieuse qui ne saurait souffrir d'un défaut d'organisation». Côté sécuritaire, rien n'a été laissé au hasard. Les bureaux de vote sont strictement gardés, ici par la police, là par la gendarmerie. Déploiement dissuasif d'hommes en armes et en uniforme, renforcé par une noria de jeunes en civil, le blouson déformé à la hanche, par la crosse des automatiques. L'armée, toutefois, se contente de patrouilles légères, en véhicules, dans les quartiers réputés «chauds». Ni barrages, ni blindés aux carrefours, comme ce fût le cas lors de l'élection présidentielle de l'année passée. La troupe reste sur le qui-vive, contrôle les cartes d'électeurs, fouille les sacs, sans nervosité particulière. Alger est sous état d'urgence, pas en état de siège. Dans les bureaux, on est très loin de l'affluence. L'espoir qui avait porté le général Liamine Zeroual à la tête du pays, le 16 novembre 1995, semble s'être