Goma envoyée spéciale
Hier, le Canadien Maurice Baril, commandant d'une force multinationale qui n'existe pas encore, donnait une conférence de presse à Goma, ville principale d'un pays virtuel et autoproclamé «République démocratique du Congo», pour annoncer une intervention restant encore à déterminer. C'est peu dire que cette scène, baignée par une pluie persistante, était un invraisemblable mélange d'irréalité et de la plus pragmatique des diplomaties. Pour la première fois néanmoins, le commandant Baril a explicitement affirmé que cette opération, réalisée dans le cadre de l'ONU pour venir en aide aux réfugiés rwandais qui n'ont toujours pas regagné leur pays, ne serait «ni militaire, ni politique, mais uniquement humanitaire». Si l'ensemble des modalités n'est toujours pas fixé, on semble de plus en plus se diriger vers une intervention minimale comme des largages de vivres par avion, comme le souhaitaient les Américains, et qui pourraient commencer dès aujourd'hui. En apparté, l'efficacité de ce type d'opération, laissait pourtant sceptiques la plupart des responsables d'organisations humanitaires et internationales sur place, qui y voient davantage un symbole qu'une aide réelle. A Goma, chacun se souvient d'un largarge déjà réalisé par les Américains, en juillet 1994, précisément au moment où plus d'un million de Rwandais fuyaient les conséquences du génocide dans leur pays pour se réfugier au Zaïre. Organisé en catastrophe, des engins contenant davantage de journal