Rome de notre correspondant
«Ce n'est pas notre papa.» Dans un français approximatif, les regards terrorisés, en larmes, Linda, Vandy, Nina et Vanna, deux garçons et deux filles âgés de 8 à 12 ans, scellent ainsi le sort de Cao Leng Huot, un Cambodgien de 51 ans, débarqué samedi à l'aéroport romain de Fiumicino d'un vol en provenance de Phnom Penh. Profession: «businessman», selon son passeport belge. Les policiers découvrent dans ses bagages un «catalogue» avec des photos de dizaines d'enfants. Et trois carnets pleins de numéros de téléphone codés.
Leng Huot attire les soupçons, dès sa descente de l'avion. Quelque chose détonne chez cet homme bien habillé, entouré par quatre enfants. D'abord le passeport: après l'affaire Dutroux, les douaniers ont reçu la consigne d'intensifier la surveillance de chaque passager belge. Ensuite les bagages. La garde-robe du Cambodgien qui déclare vouloir séjourner un mois en Europe est riche et de qualité. Les enfants, eux, n'ont rien. Pas de vêtements, pas de jouets. Ils ont l'air perdu, dans un autre monde. Leurs prénoms inscrits sur le passeport du cambodgien sonnent faux: ils sont incapables de dire leur nom ni même leur nationalité. Les enquêteurs présument qu'ils proviennent de la péninsule indochinoise, sans plus. En fouillant, les policiers trouvent, caché dans le slip du suspect, son passeport cambodgien, d'où il résulte qu'il est plus âgé. Quant au document exhibé à la douane, il fait partie d'un stock en blanc volé il y a vingt ans