Ouagadougou envoyé spécial
Longtemps puissance plus «néo» que post-coloniale en Afrique, la France joue aujourd'hui perdant sur tous les tableaux. L'Afrique moderne, notamment celle sortie des maquis rebelles, se méfie d'elle au point que la force internationale croupion finalement mise en place pour intervenir dans l'est du Zaïre ne compte toujours aucun soldat français, bien que Paris ait été son avocat le plus ardent. L'Afrique francophone, «pré carré» gardé jalousement depuis trente-cinq ans, n'est plus qu'une clientèle encombrante, voire compromettante: impécunieuse, quémandeuse et rongée par la corruption, c'est le Jurassic Parc des dinosaures. En se rangeant du côté du maréchal-président Mobutu dans le conflit des Grands Lacs, la France avait perdu la bataille avant qu'elle ne commence.
«Relations particulières». Sur le continent africain, la France est déboussolée, tantôt suiviste, tantôt cavalier seul. Tout en réaffirmant ses «relations particulières» avec l'Afrique, Paris s'est résigné au jour le jour à leur banalisation, passant le témoin à d'autres sur les plans économique, politique, militaire et, même celui du «modèle de civilisation». La France a visiblement perdu sa «science africaine», elle n'a plus de force de proposition. Vu d'Afrique, en quoi consiste l'exception française si le «programme d'ajustement structurel» est la recette, le libéralisme la doctrine, le multilatéral le cadre d'une politique universelle? Pourquoi, dès lors, ne pas s'adresser à Dieu pl