Il a été envoyé au charbon. Professeur de philosophie, secrétaire
exécutif de l'ancien parti unique, puis ambassadeur à Abidjan et à Paris, Jean-Paul Ngoupandé, 48 ans, a été nommé Premier ministre au lendemain de la deuxième mutinerie en Centrafrique, début juin. Avec le soutien de Paris et en cohabitation difficile avec le président Ange-Félix Patassé, il devait remettre de l'ordre dans la gestion du pays. A l'heure de la troisième mutinerie à Bangui en huit mois, bilan d'une «bonne gouvernance» qui a échoué.
Les militaires centrafricains sont à nouveau dans la rue, la capitale centrafricaine est divisée entre forces loyalistes et mutins, des milices tribales sévissent dans les quartiers. Après les deux mutineries d'avril et de mai, pourquoi les problèmes n'ont-ils pas été réglés?
La responsabilité de la classe politique centrafricaine est évidemment engagée. Mais, en Afrique, ce qui nourrit d'abord nos déchirements, c'est la misère. Chez nous comme au Liberia ou au Rwanda, quand le gâteau à partager devient trop petit, la danse autour se fait au couteau. Et le gâteau, c'est l'Etat, l'unique mangeoire dans nos pays pauvres. Etant donné que les partis recrutent sur des bases ethniques et que la majorité politique est donc, aussi, une majorité ethnique excluant tous ceux qui n'y sont pas représentés, on comprend les frustrations. Les uns «mangent» le peu qu'il y a, d'autres n'ont rien. Au fond, c'est aussi simple. Mais, dans ces conditions, comment réussir l'alternance au pouv