Malgré le déploiement de 1 650 soldats français dans la capitale
centrafricaine, Bangui, depuis vingt-six jours en proie à sa troisième mutinerie militaire de l'année, était hier le théâtre d'affrontements à l'arme lourde entre rebelles, d'un côté, et la garde présidentielle d'Ange-Félix Patassé et les forces françaises, de l'autre. Devant l'aggravation de la situation, désormais ouvertement insurrectionnelle, les chefs d'Etat réunis à Ouagadougou pour le sommet franco-africain ont décidé une «médiation d'urgence» que devraient entreprendre, «dans les prochains jours», les présidents du Burkina Faso, du Gabon et du Tchad. Sur place, Blaise Compaoré, Omar Bongo et le général Déby ne pourront cependant effectuer leur mission de bons offices qu'après l'instauration d'un cessez-le-feu, à plusieurs reprises rejeté par les mutins.
Les forces françaises à Bangui ont «riposté en état de légitime défense», a affirmé hier le ministère français de la Défense, excluant «pour le moment» une nouvelle évacuation des expatriés français de la capitale centrafricaine. Hier soir, récusant tout engagement offensif contre les rebelles, Charles Millon a voulu préciser le rôle des forces françaises en déclarant qu'elles étaient déployées pour «maintenir la légalité et assurer la protection des ressortissants étrangers». Ce qui n'exclut cependant pas de nouveaux affrontements directs avec les mutins, ceux-ci ayant pour objectif déclaré de chasser du pouvoir le président Patassé, élu démocratiquement