Bangkok, de notre correspondant
La junte birmane a ordonné hier la fermeture de l'université de Rangoon et de l'institut de technologie, centres de contestation antigouvernementale d'où étaient parties la semaine dernière deux manifestations d'ampleur. Des centaines de policiers antiémeutes ont verrouillé le quartier universitaire et érigé des barricades aux carrefours pour empêcher toute nouvelle manifestation. Dans la nuit de vendredi à samedi, les forces de l'ordre avaient délogé à coups de lance d'incendie les quelque 2 000 étudiants qui s'étaient réunis sur le campus pour dénoncer les brutalités de la police. Environ 260 étudiants, des irréductibles qui avaient refusé de se disperser, avaient été arrêtés, puis relâchés au petit matin. Parallèlement, la junte, autobaptisée Slorc (Conseil pour la restauration de l'ordre et de la loi), a «conseillé» la semaine dernière à Aung San Suu Kyi, la dirigeante de l'opposition birmane et prix Nobel de la paix 1991, de rester chez elle, pour qu'elle n'aille pas rencontrer les étudiants. Un «conseil» que beaucoup assimilent à une assignation de facto à résidence surveillée. Officiellement, les jeunes de l'université de Rangoon protestaient contre l'arrestation arbitraire par la police de trois étudiants à la suite d'une altercation, en octobre, avec des propriétaires de restaurant à proximité du campus. Les trois jeunes avaient été passés à tabac par des policiers, avant d'être dépouillés de leurs biens. Ils ont été ensuite expulsés