Menu
Libération

Le ghetto argentin de la communauté juive. Les juifs vivent dans la crainte d'un nouvel attentat, depuis celui qui fit 86 morts à Buenos Aires en 1994.

Article réservé aux abonnés
publié le 13 décembre 1996 à 3h06

Buenos Aires envoyé spécial.

L'Aide mutuelle israélite en Argentine (Amia) se relève de l'horreur. Un immeuble-forteresse surgit des ruines, derrière une palissade couverte du nom des victimes à l'endroit même où, le 18 juillet 1994, un engin explosif placé dans une voiture souffla ses locaux, tuant 86 personnes et en blessant 200 autres. Un écriteau rappelle que le chantier demeure «un lieu de mémoire et de recueillement». D'interrogation aussi: ce carnage reste encore largement inexpliqué, comme l'attentat contre l'ambassade d'Israël à Buenos Aires, qui fit 25 morts en 1992. Mais, à quelques rues du centre de la capitale, la vie du quartier Once n'a toujours pas vraiment repris son cours normal. Au siège de l'association Rabin-Zirelson, la concierge déplore le peu d'assistance à ses activités: «Les gens ont peur...» Devant les écoles juives, comme à l'entrée de la Société hébraïque, la maison de la culture de la communauté, des parapets bordent désormais les trottoirs, et d'athlétiques cerbères montent une garde vigilante. Accrochés aux fenêtres de nombreux immeubles, des panneaux «à louer» ou «à vendre» témoignent de l'exode des habitants du quartier.

Blockhaus de métal. Les quelque 300 000 Juifs argentins, dont plus de la moitié résident à Buenos Aires, vivent depuis deux ans dans la crainte d'un hypothétique Troisième Attentat, pour reprendre le titre d'épouvante du livre à succès écrit par le journaliste William Goobar. La communauté s'est retranchée, à l'instar de l'Ami