Menu
Libération

Mandela, apôtre de la réconciliationL'Afrique du Sud commence à amnistier des criminels pro et antiapartheid.

Article réservé aux abonnés
publié le 17 décembre 1996 à 2h54

Johannesburg, de notre correspondant

Au nom de la «nécessaire réconciliation nationale», l'Afrique du Sud a commencé cette semaine, sans incidents, à accorder l'amnistie aux criminels coupables d'exactions commises en faveur ou contre le régime d'apartheid. Vendredi, dans un geste d'une grande générosité, le président sud-africain, Nelson Mandela, a même décidé de prolonger de cinq mois la période couverte par les procédures d'amnistie. Initialement, seuls les actes commis avant décembre 1993 pouvaient être pardonnés par la commission gouvernementale Vérité et Réconciliation, qui en a le pouvoir. La prolongation du délai d'amnistie signifie que les terroristes de l'extrême droite, blanche et raciste, qui tentèrent de faire dérailler le processus démocratique peu avant les élections de mai 1994 par une série d'attentats meurtriers à la voiture piégée seront, eux aussi, susceptibles d'être pardonnés. Un geste soutenu par quasiment tous les partis politiques, y compris les radicaux noirs du Congrès panafricaniste (PAC).

«C'est l'une des décisions les plus difficiles qu'il m'ait été donné de prendre», a déclaré Mandela, conscient «de la douleur et des souffrances infligées» par ceux qui peuvent aujourd'hui bénéficier de l'amnistie. «Mais la réconciliation nationale est à ce prix», a ajouté pour sa part le charismatique archevêque Desmond Tutu, artisan discret de l'extraordinaire exercice de confession nationale.

Mardi, l'ex-policier Brian Mitchell a été le premier à bénéficier