Pékin de notre correspondante
Les autorités chinoises ont annoncé cet automne l'introduction de nouvelles mesures pour réglementer l'industrie du sel. Derrière ces dispositions, à première vue anodines, se dissimule un problème de santé qui inquiète au plus haut point le gouvernement chinois: le manque d'iode dans l'environnement (on le trouve habituellement dans le sel, ndlr), qui provoque des déficiences mentales pouvant aller du crétinisme à la démence, des enfants mort-nés ou handicapés. Cette déficience en iode se manifeste souvent par l'apparition d'un goitre, une excroissance au niveau du cou, provoquée par une hypertrophie de la glande thyroïde.
Le problème, qui a été observé en Chine depuis plus de trois mille ans, atteint désormais une ampleur extrêmement inquiétante. D'après les statistiques officielles, environ 420 millions de Chinois, soit un tiers de la population, souffrent actuellement d'une déficience en iode et plus de 6 millions d'enfants naissent anormaux chaque année en raison de ce phénomène. Un rapport, publié en 1996 par le ministère de la Santé, estime que sur les 10,1 millions de handicapés mentaux officiellement répertoriés en Chine, plus de 8 millions ont vu leur maladie provoquée par des déficiences en iode.
Le problème apparaît sur l'ensemble du territoire chinois. A moins de 150 kilomètres de Pékin, sur la route de Chengde, l'ancienne capitale d'été, dans le massif montagneux des Yanshan où serpente la grande muraille, des villages entiers de crét