Genève de notre correspondant.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est en état de choc. Comme si le meurtre de six de ses représentants en Tchétchénie (lire Libération d'hier) avait brisé un tabou absolu. L'assassinat a été froidement exécuté par un commando, dans la nuit de lundi à mardi, dans l'enceinte d'un hôpital protégé par l'emblème de la Croix-Rouge, situé à quelques kilomètres au sud de Grozny. Il s'agit non seulement de l'attentat contre des expatriés le plus sanglant de l'histoire du CICR, mais aussi le plus grave, car il s'en prend au symbole le plus essentiel de la Croix-Rouge. Lors d'une conférence de presse, Jean de Courten, chef des opérations du CICR, l'a reconnu sans ambiguïté: «En tuant lâchement la nuit cinq femmes et un homme employés par notre organisation dans un hôpital, c'est l'un des fondements du CICR que l'on a touché. C'est la volonté de s'attaquer à la mission originelle du CICR, l'aide aux blessés, qui est visée.»
Redoutable dilemme. Après l'assassinat de trois délégués, en juin dernier au Burundi, après les kidnappings au Soudan et en Tchétchénie ces derniers mois et ces nouveaux assassinats, l'organisation humanitaire se trouve confrontée à un redoutable dilemme. Soit elle plie bagage dès que son personnel est menacé et, dans ce cas, elle fait le jeu de n'importe quel acteur (gouvernement, guérilla, mafia) qui ne veut plus de témoins gênants, et applique cyniquement les méthodes (assassinats) pour s'en débarrasser. Soit le CICR co