Burundi envoyé spécial
Reto Neuenschwander, 39 ans, Juan Ruffino, 36 ans, et Cédric Martin, 32 ans, délégués de nationalité suisse du Comité international de la Croix-Rouge, ont été assassinés le 4 juin dans une embuscade soigneusement préparée, puis exécutés au nord du Burundi. L'enquête des autorités burundaises n'a jamais abouti. Or, tout converge pour accuser des soldats de l'armée burundaise. Voici le fil des événements tels que Libération a pu les reconstituer. Le 4 juin au matin, deux voitures du CICR quittent Bujumbura, la capitale de ce pays déchiré par une guerre civile opposant l'armée (dominée par les Tutsis) à la guérilla hutue. Dans la première voiture se trouvent les trois délégués suisses. Une seconde voiture du CICR les suit avec deux autres délégués à bord, un médecin et un infirmier. Le CICR n'a pas révélé leurs noms. Les cinq hommes se rendent à Mugina dans la province de Citiboke, dans le nord du pays, bordé à l'ouest par le Zaïre, avec les sanctuaires de la guérilla hutue, et au nord par le Rwanda. C'est, à cette époque, l'une des régions les plus dangereuses du pays.
Témoin gênant. Ce 4 juin, par sécurité, les cinq délégués ont notifié leur déplacement aux états-majors de l'armée burundaise et de la guérilla hutue. Sur le chemin, les soldats ne signalent aucun danger. Il n'est pas encore 15 heures lorsque les délégués du CICR parviennent à Mugina. Les délégués viennent réparer une source d'eau dans un camp de réfugiés, puis redescendent sur Bujumbura. «