Il avait trouvé ça drôle, le jour où deux douaniers l'avaient
alpagué à l'aéroport pour lui dire dans un coin: «L'autre soir, à la télé, vous avez eu la dent un peu dure contre les présocratiques, non?» Mais Carl Sagan, le scientifique (astronome) le plus médiatique des Etats-Unis, n'en avait pas été étonné outre mesure. Il était persuadé que «des milliers de gens ne demandent qu'à en savoir plus, notamment sur la science», nous avait-il déclaré un jour à Paris. Et pour contenter tous ces avides de savoir, il se dépensait sans compter, promenant sa haute stature dans l'édition une vingtaine de livres, prix Pulitzer 1977 pour The Dragon of Eden (sur l'évolution de l'intelligence humaine) , à la télé sa série Cosmos fut un succès planétaire et dans pléthore d'interviews de presse écrite. Tout y passait, et du plus sexy (il usait aussi de son oeil charmeur): les extraterrestres, «sur cent milliards d'étoiles, il n'y aurait pas une seule autre civilisation? Je ne peux pas l'imaginer»; les origines de la vie: «Titan, le satellite de Saturne, est extrêmement excitant», disait-il. «Un magnifique laboratoire pour comprendre la chimie des origines de la vie.» Il faisait du sérieux très politique aussi. Son célèbre Hiver nucléaire (écrit avec Richard Turco), décrivant le dramatique impact climatique d'une éventuelle guerre nucléaire sur la planète Terre, lui avait valu le prix Léo Szilard (1), de la Société américaine de physique.
Carl Sagan, emporté hier à 62 ans à Seattle par