Adrar envoyé spécial.
Sur le toit en terrasse de la zaouïa, face à la mer de dunes du grand erg occidental, une centaine d'étudiants, drapés dans leurs gandouras blanches, psalmodient sans fin les sourates du Coran. Dans la vieille casbah de Tamentit, aux moellons de terre rouge plusieurs fois centenaires, le temps semble à jamais immuable. Indifférents aux lourds rayons du soleil saharien, les fils étudient le texte sacré comme l'ont appris leurs pères et, avant eux, les aïeux de leurs pères. Ils prient, méditent avec ferveur mais sans ostentation, comme on laboure un champ aride, avec pour unique espoir une maigre récolte, vitale à la subsistance. Au pied des remparts crénelés, oasis de verdure gagnée sur le désert, la palmeraie rappelle à tous que seule la patience permet à l'homme de déjouer l'opiniâtre grignotage du sable. Et que seule la foi donne un sens à ce combat ancestral.
Idéologie étrangère. Paradoxe, cette société profondément traditionnelle, pétrie de religion, aura étonnamment résisté aux tentations intégristes. Par la pérennité de ses structures sociales autant que par son éloignement des centres du pouvoir, le grand Sud algérien est resté sourd aux sirènes d'un islam politique radical, souvent perçu par les populations du désert comme une idéologie «étrangère», importée par des prêcheurs aux obédiences orientales, chiites ou wahhabites. Dans les labyrinthes de ruelles étroites des vieux ksour, où trottinent les petits ânes gris, les oulémas veillent avec jal