La diversion était parfaite. Dans la nuit du 10 au 11 décembre,
alors que les convives venus de tout le pays et même de l'étranger l'attendaient dans sa villa d'Oum Dourman, dans les faubourgs de Khartoum, pour le féliciter des fiançailles de sa fille, Sadeq el-Mahdi, ex-Premier ministre soudanais, président du Parti de la nation et homme fort de l'opposition, réussit à tromper la vigilance des services soudanais de sécurité et à se réfugier en Erythrée. A l'annonce de cette évasion les partisans d'el-Mahdi préfèrent parler d'une hijra, allusion au fameux exode du prophète de La Mecque à Médine, Khartoum a été quadrillé et l'alerte maximale décrétée dans les rangs de l'armée et des «Milices populaires soudanaises»; à en croire le quotidien saoudien Al-Hayat, «la frontière entre le Soudan et l'Erythrée bruit des mouvements de blindés». Petit-fils de l'imam Mohamed Ahmed el-Mahdi, héros de la révolte de 1880 contre les Britanniques, Sadeq el-Mahdi a étudié les sciences politiques et économiques à Oxford. En 1964, il n'avait pas encore la trentaine, il devient Premier ministre et le reste jusqu'au putsch militaro-islamiste du 30 juin 1989, mené par son beau frère Hassan el-Tourabi, l'éminence grise du régime, et le général Omar el-Bachir. Assigné à résidence, il connut pas moins de huit fois les «maisons fantômes», des résidences situées en plein centre de Khartoum et banalisées en lieux de torture. Bien qu'otage du régime, il n'a jamais cessé de militer en faveur d'un isl