Lima envoyé spécial
«Qu'est-ce que faisait, il y a un mois, les services de sécurité? Vous croyez qu'ils surveillaient le MRTA (le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru, auteur de la prise d'otages à Lima, ndlr)? Pas du tout, ils pourchassaient l'opposition démocratique et légale, alors on comprend que ces messieurs n'aient rien vu venir!» Pour se calmer, le général Rodolfo Robles, ancien numéro trois de l'armée de terre, allume une cigarette avant de poursuivre son récit. «Le 26 novembre, ils me sont tombés dessus à huit, je pense qu'ils voulaient me tuer, mais j'ai crié aux passants que c'étaient des agents du SIN (service secret), c'est ce qui m'a sauvé.» Escadron de la mort. Depuis 1993, l'officier dissident accuse un conseiller du président Fujimori, Vladimiro Montesinos, ainsi que son ancien commandant en chef, le général Hermosa, d'avoir organisé un escadron de la mort, le groupe Colina, formé d'officiers et de sous-officiers de l'armée de terre. Cette année-là, l'enlèvement suivi de l'exécution de neuf étudiants et d'un professeur de l'université de la Cancuta firent éclater le scandale. «Des amis appartenant aux services de renseignement me révélèrent la composition et le fonctionnement du groupe. Je suis tombé des nues, mais j'ai aussitôt décidé de les dénoncer à la justice militaire.» Réponse de ses supérieurs: ils le désignent représentant du Pérou au Conseil interaméricain de défense. Un exil doré. Mais, avant son départ, lui et sa famille reçoivent de si terri