Budapest correspondance
Antal G... menait une double vie, discrète mais lucrative. Pendant la journée, le lieutenant de police traitait sur informatique les dossiers de la brigade du crime organisé à Budapest. Le soir venu, il vendait ces mêmes fichiers à des intermédiaires qui les remettaient... aux intéressés! Depuis un certain temps, les soupçons s'accumulaient contre lui, car la police piétinait dans son enquête sur la série d'attentats à la grenade survenue à Budapest depuis la mi-octobre contre plusieurs restaurants et discothèques, causant des dégâts matériels. Les rafles effectuées après l'assassinat, le 1er novembre, d'une des figures connues de la pègre, Jozsef Prisztas, étaient aussi restées sans résultat. Jusqu'à ce que certains inspecteurs flairent le double jeu du lieutenant.
La pègre semblait en effet parfaitement avertie à l'avance de la stratégie et des déplacements de la police. Antal G... a finalement été pris la main dans le sac et arrêté le 13 décembre. L'affaire survient après une série de limogeages dans la police. Le Premier ministre, Gyula Horn, a récemment démis de leur fonction quatre hauts fonctionnaires, dont le chef de la police nationale, Sandor Pintér, et le commissaire en chef de Budapest, Janos Bodracsa. En place depuis 1990, la direction de la police avait été critiquée pour son «laxisme» par le ministre de l'Intérieur. Depuis l'effondrement du communisme, la criminalité organisée prospère en Europe centrale et orientale. En Hongrie, des st