Minzen Head
envoyé spécial «Peur? Oui, j'ai peur maintenant.» Elle est allemande. Taillée dans le roc. Son mari a un sourire désolé. A la veille de Noël, ils ont emménagé dans la maison stylée de leur rêve, dans un coin désert de la lande de Toormore, dominant l'Océan, au bout de la terre irlandaise. Deux jours plus tôt, dans la nuit du dimanche 20 décembre, à moins de 1 kilomètre de chez eux, on a tué, sauvagement, Sophie Toscan du Plantier, 38 ans, troisième épouse du producteur de cinéma français et heureuse propriétaire d'une belle maison de vacances blanche au toit d'ardoise. Depuis, dans le secteur, le bruit des faucheuses électriques et des voitures de la police irlandaise, la Gardai, a supplanté la rumeur continue du vent, les cris des mouettes et des cormorans. Des inspecteurs de Dublin, de Cork, de Bentry, cherchent sans relâche dans les fougères brunies et les genêts, l'arme qui a servi à défoncer le crâne de la jeune femme au teint clair, elle-même productrice de télévision et grand amateur d'art africain. C'est sa voisine anglaise, Shirley Lyons, qui a découvert le corps, le lundi à 10 heures du matin. Shirley et son mari, Alphy, ont dit s'être couchés très tôt le dimanche. Ils n'ont rien vu, rien entendu du drame qui se déroulait juste à côté de chez eux et raccrochent sèchement au téléphone. Mais on sait que Sophie Toscan du Plantier, dont le corps a été rapatrié en France, gisait face contre terre, dans une mare de sang, à une trentaine de mètres en contreb