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Libération

Harlem, école interdite aux garçonsL'ouverture d'un établissement public non mixte relance le débat sur la «ségrégation».

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publié le 4 janvier 1997 à 16h30

New York de notre correspondant

Chaque jour, Dania McDermott, une fillette noire de 12 ans, quitte le petit appartement du Bronx où elle habite au-dessus du bruyant métro aérien avec sa mère et son petit frère. Son long parcours la conduit vers Spanish Harlem dans une nouvelle école flambant neuve, installée au sommet d'un immeuble de bureaux, qu'elle fait visiter avec fierté. Comme ses camarades de classe, elle est habituée aux questions des journalistes: sa rentrée, cette année, s'est passée devant les caméras des télévisions. Dania et une cinquantaine de filles de son âge sont, en effet, les premières élèves d'une nouvelle école publique réservée aux seules filles: une initiative pilote (financée en grande partie grâce à des dons privés) qui est aussi un retour à une pratique révolue mais qui se prépare à un retour en force à travers les Etats-Unis.

Cette remise en cause de la mixité est une rupture importante: la suppression de l'enseignement séparé pour garçons et filles dans les écoles publiques américaines avait coïncidé avec la fin de la ségrégation raciale. Et, pour beaucoup d'Américains, interdire la séparation des sexes et des races à l'école relève de l'application du même principe d'égalité. Un principe constitutionnel qui, depuis 1972, interdit en théorie l'allocation de fonds publics à des écoles qui ne seraient pas ouvertes à tous. Contraste. Dania est pourtant très heureuse dans sa nouvelle école où, dit-elle, elle ne regrette pas le moins du monde la présenc