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Libération

Rwanda: premières peines de mortDeux Hutus condamnés pour génocide. Des procès sans avocats.

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publié le 4 janvier 1997 à 16h30

Les premières condamnations à mort pour génocide ont été prononcées

vendredi au Rwanda, deux ans et demi après la tuerie organisée de quelque 750 000 Tutsis. La cour de Kibungo, une ville du sud-est du pays, a infligé la peine capitale à deux Hutus ayant comparu, le 27 décembre, pendant quatre heures chacun. L'infirmier Déogratias Bizimana, 37 ans, a été jugé coupable d'avoir lui-même assassiné et dirigé un «groupe de tueurs», en plus de neuf autres chefs d'accusation, dont non-assistance à personne à danger, port d'armes et pillage. Pour sa part, Egide Gatanazi, ancien responsable d'une «cellule» administrative âgé de 43 ans, a également été condamné au peloton d'exécution pour meurtres, viols et vols. Tous deux, comparaissant devant trois juges sans l'assistance d'un avocat, avaient plaidé non coupables. Ils ont interjeté appel. Une seule possibilité de recours est prévue pour revenir sur des sentences prononcées en première instance.

Tout en se félicitant des «procédures historiques» engagées pour juger les crimes contre l'humanité perpétrés au Rwanda entre avril et juillet 1994, la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH) et l'ONG américaine Human Rights Watch ont déploré «le caractère sommaire des procès» qui ne constitueraient pas «les précédents nécessaires à l'établissement d'un Etat de droit». Les deux organisations rappellent, outre l'absence de défenseurs, que les accusés n'ont pas été confrontés avec les témoins à charge, dont les dépositio