Casques bleus le jour, légionnaires la nuit. Pendant sept semaines,
1 700 soldats français sont restés déployés dans Bangui, pour la troisième fois en huit mois en proie à une mutinerie. Gardiens d'une paix qui n'existait plus, les militaires français, l'arme au pied, ont fait de «l'interposition», sans réellement sécuriser la ville. Alors que la capitale centrafricaine s'est morcelée en fiefs, alors qu'on se livrait dans ses différents quartiers à des poursuites tribales et que le chef de l'Etat, Ange-Félix Patassé, envoyait au grand jou
Deux soldats français ont payé de leur vie cette erreur de jugement, l'indéracinable foi à Paris, qu'il suffit, pour pacifier un quartier africain, d'y «mettre un soldat blanc». Dans la capitale française, aucun enseignement n'a été tiré de la Somalie «la débâcle des Américains» ou de «l'échec de l'ONU» au Rwanda, où dix casques bleus belges ont été massacrés dans les pires circonstances. Alors qu'il y avait eu mort d'homme le matin, deux militaires français se sont rendus non armés dans un quartier populaire en effervescence. Pour cette imprudence, il n'y a pas d'autre explication que la croyance en l'adage «les Blancs sont comptés», sous-entendu: par Dieu et à la différence des Africains. Il est temps de refaire les calculs.
Ayant subi des pertes, la France a aussitôt retrouvé ses réflexes d'antan. Sous couvert de «légitime défense», l'armée française a préparé une opération nocturne qui visait non seulement à punir les rebelles mais, a