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Portrait

Le chef des rebelles zaïrois a toujours allié combat et business.Le passé retrouvé de Laurent Kabila

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par Stephen Smith et Claude WAUTHIER
publié le 7 janvier 1997 à 16h25

Pendant trente-cinq ans, il n'a guère laissé de traces et l'histoire

au coeur de l'Afrique s'est faite sans lui. Puis, en dix semaines, il a conquis un territoire deux fois grand comme la Belgique et s'est fait connaître du monde entier. Comme beaucoup de succès fulgurants, celui de Laurent-Désiré Kabila, le chef du mouvement rebelle dans l'est du Zaïre, repose sur un malentendu. D'abord maquisard, preneur d'otages et trafiquant d'or dans son pays, puis porteur de valises du colonel John Garang au Sud-Soudan et, enfin, pour le compte du nouveau régime au Rwanda, connétable des Tutsis persécutés dans le Sud-Kivu, l'insubmersible entrepreneur politico-militaire n'est pas l'avant-Mobutu. Comme le maréchal-président du Zaïre qu'il a d'ailleurs fréquenté, comme émissaire de John Garang, à la fin des années 80, Laurent-Désiré Kabila ne défend pas une cause. Si, pendant trois décennies, Mobutu a érigé l'exercice du pouvoir en art de survie, le chef rebelle qui promet aujourd'hui de le renverser a, pendant ce temps, transformé en rente viagère la lutte de libération.

Rallié à Lumumba. Laurent-Désiré Kabila est né le 27 novembre 1939 à Jadotville, près de Likasi, dans le nord du Shaba-Katanga. Forte personnalité, il est responsable de la jeunesse «balubakat» (des Baluba du Katanga, son ethnie) dès 1959, avant même que la riche province minière du sud du Zaïre ne cède, au lendemain de l'indépendance de l'ex-Congo belge, à la tentation sécessionniste sous la conduite de Moïse Tshombé. K