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Libération

Cartels de la drogue à la galicienneDes contrebandiers se sont reconvertis dans le trafic de cocaïne avec la Colombie.

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publié le 9 janvier 1997 à 16h16

Ria de Arousa, envoyé spécial

Au sortir d'un virage, la petite route plonge vers le «pazo» Baion, palais galicien aux tours carrées qui, à travers sa façade de granit assombrie par le temps, transpire la richesse établie. La propriété, avec ses 30 hectares des meilleures vignes, appartient à l'un des plus fameux narcotrafiquants de Galice. «Laureano Oubiña, je l'ai connu quand il n'avait pas une peseta en poche: cinq ans plus tard, l'argent lui sortait par les oreilles. Ces gens-là ont eu la fortune facile et aiment l'ostentation», explique José Giraldez, député socialiste au Parlement autonome galicien, où il est vice-président de la commission sur la drogue. Laureano Oubiña est tombé, avec d'autres, en 1990. Il est aujourd'hui en liberté. En dernier recours, et à cause d'une instruction apparemment mal ficelée, le Tribunal suprême ne l'a reconnu coupable que de fraude fiscale. Mais l'imposant pazo Baion est toujours sous séquestre judiciaire, jusqu'au règlement des 50 millions de francs d'amende inclus dans la sentence. «La Galice est la principale porte d'entrée de la cocaïne colombienne en Europe», affirme le commissaire Jaime Iglesias qui dirige le service régional des stupéfiants. En trois grosses opérations différentes, les policiers espagnols ont ainsi saisi l'an dernier au large de la Galice un total de 4 480 kg de cocaïne dite «pure». Les «capos» galiciens de la drogue l'achètent directement aux cartels colombiens, puis lui font traverser l'Atlantique et la revende