Bangui, envoyé spécial
Barrant un large carrefour de pistes en latérite, le pont sur la rivière Kouanga a été transformé en place forte. Des rouleaux de fils de fer barbelés entourent deux murs de sacs de sable, qui forment un carré inexpugnable avec les parapets. Une petite dizaine de soldats français du IIIe régiment d'infanterie de Marine, (RIMa), basé à Vannes, monte la garde, jumelles à la main, l'arme au pied. Outre des fusils d'assaut, la sentinelle dispose d'un FRF-2 à lunettes, l'arme des tireurs d'élite. «Il n'y a pas de doute, les gens sont hostiles à notre présence», avoue un sergent réunionnais. Bien qu'il ait déjà «servi» en Centrafrique en 1986, il se dit incapable de s'orienter dans le quartier de la Kouanga (sud-ouest de Bangui, voir carte). Pendant qu'il parle, quelques personnes, surtout des femmes portant des bassines sur la tête, glissent sous le pont et remontent de l'autre côté. Bastion sur le pont. A peine 100 mètres plus loin, derrière une hampe rouillée pour hisser le drapeau à l'occasion, Hermand Wounga regrette qu'il n'ait «pas eu de contact avec des responsables français». Chef du quartier Kouanga-5, il aurait aimé leur expliquer que leur bastion sur le pont empêche toute circulation et, surtout, le ravitaillement des habitants sur le fleuve Oubangui, tout proche. «Ça irrite les gens, alors qu'une simple passerelle aurait permis de résoudre le problème», estime ce Centrafricain qui, pendant neuf ans à Toulouse, a été formé comme mécanicien naviga