Menu
Libération

La Fédération internationale des droits de l'homme se mobilise.Tchad: mort aux voleurs Les autorités ont donné l'ordre à la police d'éliminer tout suspect.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 janvier 1997 à 16h01

Au Tchad, il suffit d'être soupconné de vol pour être abattu, sans

preuve et sans jugement. Le 14 novembre, un télégramme d'instruction du Groupement des Unités spécialisées, intercepté et rendu public hier par la Fédération internationale des Ligues des Droits de l'homme (FIDH, Paris), a légalisé la violence d'Etat la plus arbitraire: «Aucun voleur ne doit faire l'objet d'une procédure quelconque. En cas de flagrant délit, procéder immédiatement à son élimination physique.» Interpellés par les associations locales de défense des droits de l'Homme, le Chef de l'Etat et son Premier ministre ont reconnu ouvertement avoir donné cette instruction, au motif, plaident-ils, que «la justice est impuissante et corrompue»...

Les policiers ou les gendarmes qui auraient quelque scrupule sont, dans ce même telégramme, menacés d'être rétrogradés ou chassés de l'armée. L'argument a porté. Les forces de sécurité tchadiennes, la Gendarmerie nationale en particulier, se sont employées à respecter avec zèle la sinistre instruction. Extraits de la liste des «flagrants délits» recueillis par la Ligue tchadienne des droits de l'homme (LTDH): le 14 novembre, un élève de CM2 est arrêté par les gendarmes. «L'enfant est enfoui dans un sac, abattu et jeté sur les bords du Chari.» Le 16 novembre, «une femme enceinte accusée de vol au marché de mil, arrêtée par des gendarmes est sommairement abattue». le 15 décembre, un homme accusé de vol d'un bidon d'huile subit le même sort. Le 26 décembre, trois aut