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Libération

Les mutins de Bangui menacent ParisIls mettent en garde l'armée française, qui détient, selon eux, 52 prisonniers.

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publié le 10 janvier 1997 à 16h13

Bangui, envoyé spécial

A droite de la barrière, mi-relevée, une mosaïque de pierres sur un mur impeccablement chaulé indique «Kassaï», le camp tenu par les mutins dans le sud-est de Bangui. A gauche, sur un pan de façade piquetée d'impacts, des graffitis annoncent une nouvelle page d'Histoire. «La France regrettera. Tant pis pour ses fils vivants en République centre-africaine. Rendez-vous dans les boîtes et dans les lycées.» Pour qui n'aura pas compris , les habitants du quartier se chargent de l'exégèse. «Nous sommes indépendants. Nous ne sommes pas des animaux, des esclaves», hurle une femme. Sa maison, en face de l'entrée du camp, est noircie par l'explosion de roquettes de 20 millimètres. Tirés d'hélicoptères, dans la nuit de dimanche par l'armée française, ils ont arraché l'auvent en tolle ondulée qui s'est effondré sur un mini-bus. «Impérialisme français», «rentrez chez vous, on ne veut plus vous voir», crient les gens, souvent jeunes et, parfois, armés de fusils de chasse.

Mise en garde. Hier, le capitaine Anicet Saulet, le chef des mutins, a préféré recevoir la presse étrangère chez lui, dans une vaste villa du quartier. Mais même entre ses quatre murs ornés d'une photo le montrant en tenue d'apparat de Saint-Cyrien et du portrait officiel de l'ex-Président Kolingba, ses «camarades sous-officiers» lui ont coupé la parole. L'un d'eux, «dégoûté par les méfaits de l'armée française» a mis en garde: «Ceux qui viendront après nous n'oublieront pas, que vous soyez des civi