Genève de notre correspondant
Le durcissement de la polémique entre l'establishment politico-bancaire suisse et le monde juif traduit le niveau de leurs exaspérations réciproques. Côté helvétique, on discerne un incompréhensible acharnement des organisations juives à «noircir» la réputation de la Suisse. En dépit des déclarations de Kaspar Villiger, président de la Confédération en 1995 il s'était excusé auprès du peuple juif pour son pays qui avait demandé aux nazis d'apposer un signe «J» sur les passeports des israélites allemands pour mieux les refouler , la Suisse vit encore sur le mythe de sa neutralité armée et de son hospitalité envers les réfugiés. «Faut-il donc se laisser plumer jusqu'à l'os et demander pardon en plus?» demande crûment le Journal de Genève. Tout aussi direct, le quotidien 24 Heures, premier tirage de Suisse francophone, publiait en une, il y a quelques jours, une caricature où l'on voit les sept conseillers fédéraux helvétiques revêtus de caftans des traditionalistes juifs en train de psalmodier devant un mur des Lamentations faits de lingots d'or. Certains n'ont pas manqué d'y voir une résurgence d'un antisémitisme larvé.
Ayant vécu hors des tumultes de l'Histoire, croyant avoir bâti leur prospérité à la force du poignet, alliée à une implacable rigueur morale, les Suisses supportent mal que des organisations dont ils discernent mal la légitimité viennent «leur faire la leçon». «Je me demande parfois, en entendant certains, si Auschwitz n'est pa