L'histoire semble simple: la Suisse, pays neutre pendant la Seconde
Guerre mondiale, a accueilli en nombre limité et en leur faisant payer les frais de leur internement des réfugiés juifs fuyant le nazisme. Surtout, elle a recueilli dans ses banques l'argent de ces exilés, puis, plus tard, elle a également ouvert ses comptes et ses coffres au trésor de guerre allemand (oeuvres d'art volées aux juifs, bijoux, dents et alliances récupérés sur les déportés assassinés). Après la guerre, certains nazis récupéreront leur fortune personnelle cachée en Suisse, les juifs disparus dans les camps, souvent des familles entières, ne pourront évidemment pas en faire autant. Une grande partie de cet argent, de ces biens appartenant aux juifs, se trouve donc toujours dans les banques suisses. Les Etats-Unis et les organisations juives réclament une enquête pour déterminer les avoirs laissés par les juifs en Suisse et les biens volés par les nazis. Et un fonds d'indemnisation pour les victimes de l'holocauste. Quand le président suisse, Jean-Pascal Delamuraz (aujourd'hui ministre de l'Economie), a vu dans ces démarches une «incitation à l'antisémitisme» et annoncé que la Suisse résisterait à cette «campagne de déstabilisation» menée contre sa place financière, les organisations juives ont envisagé un boycottage des banques suisses. Avraham Burg, président de l'Agence juive, organisme israélien chargé des relations avec les juifs de la Diaspora, a mené les négociations avec les Suisses