Hong-kong, envoyés spéciaux
L'image se répète sur tous les T-shirts proposés aux touristes ou sur les cartes postales en vente à Hong-kong: un peintre en bâtiment termine de recouvrir le drapeau britannique d'une couche de peinture rouge frappée des cinq étoiles jaunes, l'emblème du communisme chinois. Le compte à rebours final a démarré: dans moins de six mois, le 1er juillet, la peinture rouge aura fini de faire disparaître à tout jamais l'Union Jack, le dernier morceau d'Empire britannique d'Asie. Hong-kong sera alors une «région administrative spéciale» (SAR) dans le cadre de la Chine, selon le principe inventé par le vieux leader Deng Xiaoping: «un pays, deux systèmes».
Pour autant, la «peur du rouge» n'est pas de mise dans le territoire, et l'échéance du 1er juillet s'est banalisée à force d'accompagner les 6 millions de Hongkongais depuis la signature de l'accord sino-britannique en 1984. Et si, vu par un regard occidental, la rétrocession d'un territoire jouissant des libertés publiques à un pays totalitaire peut paraître paradoxale, voire choquante, quelques années après la chute du mur de Berlin, pour bon nombre de Hongkongais, un sentiment nouveau est apparu dernièrement qui fait écho à la propagande de Pékin: une certaine fierté à sortir du système colonial et d'entrer dans la mouvance du monde chinois qui émerge de manière fulgurante à l'approche du XXIe siècle et attise les réflexes nationalistes.
Schizophrénie. Hong-kong, en fait, est schizophrène. D'un côté, les