Sibut envoyé spécial
C'est au bout du goudron. De Sibut, à quelque 200 kilomètres au nord de la capitale centrafricaine, seules deux pistes de latérite permettent d'aller plus loin. Sibut est une bourgade de 22 000 habitants aux maisons en pisé au toit de chaume, avec une seule station d'essence, des bâtiments administratifs d'architecture coloniale, une petite place de l'Indépendance au monument chaulé avec soin, un hôpital-dispensaire, une auberge-restaurant, Le Distingué, fermée depuis longtemps. Au bar-dancing La Paillotte du Carrefour, la bière manque désespérément. «Il n'y en a plus depuis le 3 décembre, indique le préfet. Pendant six semaines, la brasserie à Bangui a été aux mains des mutins.» Sa remise en service, dans les prochains jours, est attendue à Sibut comme la résurrection.
Les prix ont doublé. L'obligation de «s'imbiber», faute de mieux, de la sève fermentée du rathia n'est pas le seul inconvénient d'une rébellion dans la capitale qui s'éternise depuis deux mois. «Il y a des déplacés dans toutes les maisons, explique le maire, Marie-Joseph Zanifei. Plus de 5 000 habitants de Bangui sont venus se réfugier chez leurs parents.» Ils ne semblent pas prêts de repartir, certains ont inscrit leurs enfants à l'école. «Les prix des denrées de base ont doublé, voire triplé», affirme l'unique femme maire de Centrafrique, dont le mari était originaire de Sibut. «Je voulais seulement prendre une retraite paisible ici. Mais, il y a deux ans, quand j'ai donné de l'argent pou