Genève de notre correspondant
Thomas Lissy, le porte-parole de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) est exaspéré. Depuis trois semaines, le courrier qu'il reçoit est de plus en plus haineux. Ce matin, il a trouvé une caricature antisémite, accusant «les juifs d'avoir provoqué la Deuxième Guerre mondiale», un tract d'extrême gauche qui mélange antisionisme et affaire des fonds juifs, des lettres d'insultes anonymes, des appels au boycottage de commerces tenus par des israélites et des conseils appelant «les juifs à faire preuve de retenue». Le restaurant kasher de Zurich a été barbouillé de croix gammées, Rolf Bloch, chocolatier et président de la FSCI a reçu des dizaines de lettres voulant mettre «les juifs dehors» et un correspondant l'a même averti qu'il n'achètera plus de «chocolat juif» Escalade. Thomas Lissy constate: «Depuis la Deuxième Guerre mondiale, nous n'avions jamais connu un tel réveil de l'antisémitisme ni rencontré une telle incompréhension de l'opinion publique à notre égard. Mais les propos du conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz accusant les organisations juives de chantage et de rançon contre la Suisse ont fait le jeu des antisémites qui n'osaient pas s'exprimer aussi publiquement.»
Depuis plusieurs mois, l'affaire des fonds juifs est devenue une affaire d'Etat. A l'origine, c'était simple: le Congrès juif mondial (CJM) et l'Agence juive ont demandé la restitution des avoirs des victimes du nazisme déposés dans les banques suisses. D