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Libération

La Tchétchénie politiquement diviséeLa question de l'indépendance est la seule sur laquelle tous les clans sont unanimes.

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publié le 27 janvier 1997 à 15h19

Grozny envoyé spécial

Fusils d'assaut rangés en faisceaux entre le canapé et le mur du salon, grenades négligemment posées sur la table de la cuisine, pistolets traînant sur les étagères, l'appartement ressemble à une annexe de l'armurerie centrale. Et pour cause, dans cet immeuble de douze étages sévèrement endommagé par les bombardements, des boïviki tiennent leurs quartiers. Les logements vides ont été rapidement réquisitionnés par ces combattants indépendantistes venus de tous les villages de Tchétchénie pour libérer Grozny, en août dernier, et qui errent désoeuvrés dans la capitale quand ils n'assurent pas la sécurité de leurs chefs, candidats à la présidentielle.

Direction divisée. Entre deux tours de service, ils aiment à se retrouver dans ce repère de l'avenue Lénine, devant une tasse de thé. Annia, Raïssa et Azzia, trois soeurs, anciennes résistantes, sont l'âme de cet étrange foyer où les soldats perdus discutent à n'en plus finir de l'incroyable division qui règne au sein de la direction indépendantiste. Habitués à une unité sans faille contre l'envahisseur, les combattants restent perplexes devant les déchirements nés des ambitions politiques. Pas moins de cinq prétendants à la magistrature suprême issus des rangs de la rébellion.

Moussa, un guerrier de Bamout, «refuse de choisir», préférant s'accrocher à l'espoir d'un retour miraculeux du président Djokhar Doudaïev, tué en avril. «Personne n'a jamais vu son corps, et beaucoup de gens disent qu'il réapparaîtra le jo