De plus en plus malmené par les sondages, le gouvernement de José
Maria Aznar vient de lancer une cinglante contre-offensive politique: il accuse la précédente administration socialiste d'avoir volontairement effacé l'ardoise de 600 gros fraudeurs du fisc, pour une bagatelle de 8,5 milliards de francs. La somme en jeu, un quart des économies budgétaires imposées cette année pour passer l'examen de la monnaie unique, pourrait se transformer en une bombe politique: la fraude fiscale a toujours été une arme électorale privilégiée, les deux camps s'accusant mutuellement de ne pas lutter assez contre ce mal majeur de l'économie espagnole.
Cette fois, c'est le PP qui se fait le défenseur du petit contribuable: «Il est notoire que ces socialistes qui prétendent défendre les pauvres n'ont pas cessé de favoriser leurs amis», a attaqué Luis de Grandes, le porte-parole du PP. Selon le secrétaire d'Etat aux Finances, Juan Costa, 600 gros dossiers d'inspection fiscale vont passer à la trappe sous peu à cause du «manque de zèle politique» de l'administration précédente. Les socialistes auraient profité d'un imbroglio technico-juridique qui mêle le règlement de l'inspection fiscale et une récente sentence du Tribunal suprême favorable aux contribuables pour paralyser les procédures de ces dossiers jusqu'à prescription. «Sans doute en échange de faveurs», enfonce Luis de Grande.
L'accusation est énorme et ne s'appuie sur aucun début de preuve, à commencer par les noms des supposés «600 ami