Buenos Aires correspondance
Plusieurs milliers d'Argentins se sont solidarisés hier avec la marche silencieuse des syndicats de journalistes, pour protester contre le sauvage assassinat d'un photographe de presse de la revue Noticias, samedi, dans la plus huppée des stations balnéaires argentines.
Jusqu'à ce jour, Pinamar, «capitale estivale du menemisme» (du nom du président Menem, ndlr), vivait au rythme des plages et des boîtes de nuit. Le 25 janvier, au bord d'un sentier près de la ville, un paysan découvrait, dans une voiture encore en flammes, un corps portant des menottes, entièrement calciné. Le quartier où a été enlevé Jose Luis Cabezas est pourtant censé être le mieux gardé de toute la région: à 50 mètres de là se trouve la résidence d'été du gouverneur de la province de Buenos Aires, Eduardo Duhalde. Samedi à l'aube, de retour de la pêche, celui-ci s'est d'ailleurs arrêté pour observer la voiture, placée sur son trajet habituel, et qu'il a cru accidentée.
Aussitôt, Duhalde a promis une récompense de 300 000 pesos (1,5 million de francs) à toute personne qui fournirait des indices, et a indiqué que la victime a été choisie «en fonction de sa profession». Le reporter avait récemment participé à une enquête sur une série de vols commis à Pinamar et qui auraient été organisés par des policiers de la province. L'hebdomadaire Noticias se caractérise notamment par ses investigations sur la corruption dans les milieux politiques. Pour Carlos Lunghi, directeur du service pho