La rébellion dans l'est du Zaïre tourne à la guerre ouverte dans
l'Afrique des Grands Lacs. Hier, la Belgique, ancienne puissance coloniale, a dénoncé la présence de «milliers» de soldats rwandais sur le territoire zaïrois, estimant, sous réserve de confirmation, qu'il s'agissait là d'une «situation totalement inacceptable». De son côté, le ministère zaïrois de la Défense a publié un communiqué faisant état de trois colonnes de soldats ougandais (chacune forte de 2000 hommes) pénétrant en profondeur dans l'espace national. Le conseiller politique du général Paul Kagame, l'homme fort du Rwanda, a catégoriquement rejeté les accusations de Bruxelles, traitant la Belgique, également ex-puissance tutélaire du Rwanda, de «sénile» et incapable de «faire la différence entre des Zaïrois et des Rwandais». Un porte-parole de la présidence ougandaise a, lui, qualifié de «risibles» les allégations de Kinshasa.
Des sources indépendantes à Goma, citées hier par l'AFP, ont cependant confirmé l'entrée en territoire zaïrois, ce week-end, de «camions portant des plaques d'immatriculation ougandaises et chargés de soldats». Ces forces auraient traversé la frontière à Rutshuru, à soixante kilomètres au nord de Goma, et se dirigeraient vers Beni et Bunia. Ce qui corrobore les indications du ministère zaïrois de la Défense au sujet d'un axe de percée vers Bunia, le grand carrefour commercial dans le nord-est du Zaïre. Or, la reconquête de cette ville est la mission assignée par les autorités zaïrois