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Libération

En Californie, à l'école du parler black

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Pour remédier à l'échec scolaire des jeunes Noirs, une expérience pilote utilise l'«ebonics».
publié le 4 février 1997 à 22h07

Oakland (Californie), envoyé spécial

Le drapeau national dans un coin de la classe ramasse la poussière. Comme dans toutes les écoles américaines, c'est pourtant en le saluant que la trentaine d'élèves ­ noirs en quasi-totalité ­ de la classe de Zerita Sharp ont commencé leur journée. En haut du tableau, encadré par un portrait de Malcom X et de Mary McLeod Bethune, militante de la cause des femmes noires dans l'entre-deux-guerres, un texte proclame que «différent ne veut pas dire déficient». Une baleine en papier est accrochée au mur accompagnée d'un texte . «En étudiant les sciences de la vie, les élèves apprendront que leur héritage génétique est le fruit d'un continuum. Que sa genèse remonte aux générations passées, que ses origines s'étendent à des terres autres que celles des Etats-Unis, à l'Afrique, au Pacifique, à l'Asie ou ailleurs.» Tempête. Les enfants debout forment un cercle autour de leur institutrice pour réciter un poème. «Utilise le langage de ton corps, leur dit elle. Ce sont des mots anglais, mais c'est le rythme de l'ebonics qui doit faire passer le message.» Exercice suivant. «Doucement et articule, je veux que tu expliques tout cela pour nous, en anglais», demande l'institutrice à un enfant qui prend la parole. Certains mots manquent, la construction grammaticale est erronée, des terminaisons tronquées. «Bien! Tu l'as dit en ebonics. Maintenant, dis-le en anglais», demande Zerita. L'élève s'exécute. A la troisième tentative, les terminaisons sont réta