Genève de notre correspondant
La saga sur les biens des victimes juives du nazisme entreposés en Suisse vient de connaître un nouveau rebondissement. Pour une fois, ce sont les établissements financiers helvétiques qui ont pris l'initiative. Les trois géants de la finance suisse (le Crédit suisse, la Société de banque suisse et l'Union de banque suisse) ont annoncé hier leur décision de créer un fonds humanitaire de 100 millions de francs suisses (environ 420 millions de francs) «en faveur des victimes de l'Holocauste». Les trois banques précisent que c'est au gouvernement suisse «de déterminer la forme et l'affectation de ce fonds» qui pourrait accueillir d'autres contributions, dont celle de la Confédération et de la Banque nationale suisse.
Il s'agit d'un changement de ton radical. Il y a seulement un an, Robert Studer, patron de l'UBS, qualifiait de «cacahuètes» les avoirs en déshérence dans les banques suisses et les banquiers rechignaient à recevoir les représentants des grandes organisations juives. La décision de créer «un fonds humanitaire» indépendamment des recherches qui se poursuivent sur les biens des juifs spoliés par les nazis ou déposés en Suisse, survient à un moment crucial pour l'avenir du système bancaire helvétique. Le 13 février, l'Etat de New York doit commencer à examiner le renouvellement des licences des grandes banques suisses. Les autorités new-yorkaises ont précisé que leur décision serait prise aussi en fonction de la façon dont les établissement