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Libération

Karamira, génocideur équitablement jugéLa justice rwandaise l'a condamné à mort au terme d'un vrai procès.

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publié le 15 février 1997 à 21h33

Kigali envoyé spécial

Interrompu par les cris de la foule et les coups de marteau frénétiques du président du tribunal de Kigali, Me Paul Kato Atita, un avocat venu du Bénin, achève sa poignante plaidoirie: «Karamira, dit-il en posant une main paternelle sur les épaules de son client, je te remets entre les mains des juges de ton pays, espérant qu'il vont te rendre une justice, la vraie, celle-là dont nous avons besoin pour reconstruire ce pays.» Tandis que tout Kigali avait l'oreille collée au poste de radio, qui a transmis les trois jours d'audience en direct, Froduald Karamira a quitté sous les huées de la foule et les jets de pierres des enfants, une dernière fois, la petite salle du tribunal de Nyamirambo, un quartier populaire de Kigali. Ce même quartier où, en avril 1994, un cortège de témoins l'ont vu à la tête d'une bande de miliciens armés mener des massacres de Tutsis et de Hutus modérés.

Vendredi après-midi, la justice rwandaise a délivré son verdict: la peine de mort pour Froduald Karamira, ex-homme d'affaires et politicien, qui un jour de 1993, à une tribune politique, appela à «l'extermination des Tutsis». Karamira, qui fera appel, est ainsi le dixième condamné à mort et sans doute le plus gros poisson jamais attrapé sur territoire rwandais. Contrairement aux autres «génocideurs», son procès s'est déroulé, selon les observateurs étrangers, «remarquablement bien, compte tenu du contexte rwandais». Ainsi, alors que le premier condamné à la peine capitale, un infi