Le chef des rebelles dans l'est du Zaïre, Laurent-Désiré Kabila, a
lancé un ultimatum de soixante-douze heures pour la «démilitarisation» du camp de Tingi-Tingi, qui abrite 130 000 réfugiés hutus, en grande majorité des Rwandais. Passé ce délai, le camp sera «attaqué sans pitié» et «tout le monde mis dehors». Cette menace fait suite à la «vive préoccupation» exprimée par le secrétaire général des Nations unies, qui, à la suite d'informations sur le stockage de munitions dans ce camp et le «recrutement de force» auquel procéderait l'armée zaïroise auprès d'anciens soldats des Forces armées rwandaises (FAR), a redouté que Tingi-Tingi ne se transforme en un «champ de bataille». Samedi, Kofi Annan a lancé un appel pour «assurer la sécurité des réfugiés innocents et des agents humanitaires». Ce message a été relayé, auprès du président Mobutu, par le nouveau représentant spécial de l'ONU dans l'Afrique des Grands Lacs, Mohamed Sahnoun. Le ministère zaïrois de la Défense a cependant formellement démenti, hier, que des ex-FAR recevaient de l'armement pour se battre contre les maquisards de Kabila. Ces derniers, selon des sources militaires, se trouvent désormais à 50 km à l'est de Tingi-Tingi.
Abandonnés à leur sort par les agences de l'ONU, qui, depuis décembre, ne leur ont fourni que le tiers des besoins vitaux en aide alimentaire, les rescapés hutus, parvenus à Tingi-Tingi après une longue errance, ne semblaient hier sensibles ni à la menace des rebelles ni à l'émoi de la communa