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Libération

Shaba: la folie de l'armée zaïroise Dans leur retraite au sud du pays, les FAZ se livrent aux pillages.

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publié le 21 février 1997 à 17h14

Lubumbashi, envoyé spécial

Assis à sa table du restaurant Mulinzi (le Gardien), le chef du poste de douane de Kasumbalesa, à la frontière entre le Zaïre et la Zambie, achève son plat de poisson et engloutit une bière fraîche. A ses côtés, un colonel des FAZ (Forces armées zaïroises) participe à la ripaille. A Kasumbalesa, on vit très bien lorsque l'on «contrôle» l'axe principal sur lequel circule les camions chargés de toutes les richesses du Shaba: cobalt, cuivre, uranium. Au barrage à l'entrée de la ville, un militaire ventripotent sort de sa casemate pour prélever son «pourboire», un parapluie fluorescent à la main pour se protéger de l'averse tropicale.

Totale décrépitude. Les effluves de la guerre à l'Est viennent pourtant déjà déranger les petites habitudes de Kasumbalesa, à peine à 100 kilomètres au sud de Lubumbashi. Après quinze jours d'un périple inouï sur le lac Tanganyika et à travers la Zambie, près de 600 réfugiés zaïrois fuyant les combats aux portes du Shaba sont arrivés dans la petite ville frontière. D'autres sont encore sur la route. Leur accueil est, hélas! à l'image d'un pays en totale décrépitude et incapable d'assurer un minimum de réconfort à ses «frères zaïrois». Parqués dans une école, les infortunés fuyards sont d'abord passés entre les mains des agents du Snip, le service de renseignements, avant que le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) et MSF (Médecins sans frontières soient «convoqués» pour leur prodiguer les bons soins. A Lubumbashi,